Ecologie du Carcassonnais des Corbières et du Littoral Audois

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Panneaux photovoltaïques
Le  jeudi 31/03/16 a été réunie en Préfecture de l'Aude la Commission Locale d'Information du bassin minier de Salsigne, Frédéric OGE, chercheur au CNRS, y a participé pour ECCLA.
La presse locale a  largement commenté le sujet et un article a été réalisé dans le Journal de l'Environnement.
Vous pouvez les consulter ci-dessous :

 Journal de l'Environnement, Le 05 avril 2016 par Romain Loury

A Salsigne, l’Etat veut colmater les brèches

Les riverains de l’ancienne mine de Salsigne, dans l’Aude, sont en colère: après plusieurs années de mise en doute des impacts environnementaux, les pouvoirs publics ont admis, lors d’une réunion organisée jeudi 31 mars, que les sites de stockage des minerais, riches en arsenic, présentaient des fuites et polluaient l’environnement. Des travaux de réfection vont être menés.

De son ouverture en 1892 à sa fermeture en 2004, la mine de Salsigne aura produit environ 120 tonnes d’or, ce qui en a fait la plus importante d’Europe occidentale. D’un point de vue environnemental, le bilan aura été lourd: avec 11,6 millions de tonnes de résidus pollués, en particulier de l’arsenic, le site, dont l’entretien est désormais assuré par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), demeure l’un des plus pollués de France.

De longue date, les riverains ont fait part de leurs inquiétudes quant à la pollution occasionnée par les sites de stockage de ces résidus, sans grand succès pour l’instant. En 2013, l’Association de défense des riverains des mines et usines de Salsigne a même déposé une plainte, classée sans suite, après qu’un ruisseau, le béat de Sindilla, a tourné au rouge avec des taux d’arsenic frôlant les 4.500 µg/l d’eau.

Ces chiffres de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema), passés sous silence par la préfecture qui n’y voyait qu’une pollution naturelle, avaient coûté son poste au préfet. Trois ans plus tard, une réunion, jeudi 31 mars, de la commission locale d’information (CLI), en standby pendant trois ans, a enfin vu la préfecture reconnaître les faits: cette pollution était bien liée à des fuites d’arsenic issues du site de Montredon.

Montredon fuit de toutes parts

Plus récent des deux principaux sites de stockage (1994), Montredon présente de nombreuses fuites. Contacté par le JDLE, Francis Cottard, environnementaliste minier au département de prévention et de sécurité minière du BRGM, estime que ce site de stockage, bien que constitué «en fonction des meilleures techniques de l’époque», présente des signes de déstabilisation à son sommet.

«Les meilleures pratiques d’il y a 15 ou 20 ans n’ont pas la durabilité qu’on pouvait espérer à l’époque», estime-t-il. Cette colline artificielle, qui contient deux millions de tonnes de résidus dont 15% d’arsenic, présente en effet des failles au niveau de sa couverture: composée d’argile, cette «géomembrane bentonitique», qui recouvre l’ensemble, présente de nets signes d’usure.

Résultat, l’eau de pluie infiltre la couche de terre végétalisée qui couvre la colline, et passe à travers la membrane. La couche d’eau qui se forme ne peut s’écouler en profondeur, du fait que les minerais sont fortement tassés en raison de leur très fine granulométrie. L’eau parvient toutefois à fuiter, fortement chargée d’arsenic, sur les côtés du sommet, qui s’en trouvent fortement érodés.

Cette eau part dans l’environnement: on la retrouve notamment dans la «source du point V», pompée puis traitée, qui présente des taux d’arsenic jusqu’à 1.000 fois supérieurs au seuil de potabilité de 10 µg/L. Et la rivière de l’Orbiel, qui coule un peu plus loin, présente des taux oscillant dans l’année entre 35 et 75 µg/L, soit jusqu’à près de huit fois le seuil.

Une rénovation du site, dont la maîtrise d’ouvrage revient à la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal du Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées) et au BRGM, semble dès lors inéluctable. La solution envisagée est celle d’un changement de membrane, avec la pose de matériaux plus performants, tels que du polyéthylène de haute densité. Le projet, en cours d’étude, devrait être lancé en 2017, et coûterait 1,5 million d’euros, indique Francis Cottard.

L’Artus n’est pas très étanche

Egalement source de pollution, l’autre site de stockage, dénommé L’Artus, contient près de 10 millions de tonnes de résidus: mis en place en 1988, il ne possède pas de membrane étanche comme le site de Montredon, et se situe juste en bordure de l’Orbiel.

Il dispose en revanche, à ses pieds, de six bassins retenant l’eau qui s’écoule, laquelle est aussitôt traitée. Ce qui n’empêche pas une partie d’entre elle, probablement «quelques milliers de mètres cubes par an» (contre 60.000 à 80.000 m3 récoltés et traités), de s’écouler dans l’environnement, reconnaît Francis Cottard.

Pour ce site, le BRGM travaille actuellement à un nouveau traitement de l’eau arrivant dans les bassins. De nature biologique, il reposerait sur des bactéries sulfato-réductrices, capables de transformer l’arsenic en sa forme non soluble: celui-ci sédimenterait au fond, avec de moindres risques de fuites environnementales. Ce projet, qui exigerait de revoir le système des bassins, devrait être achevé en 2018, pour un coût de «quelques centaines de milliers d’euros», indique Francis Cottard.

Vers une nouvelle plainte pour pollution

Représentant l’association ECCLA (Ecologie du Carcassonnais, des Corbières et du littoral audois) lors de la CLI, Frédéric Ogé, chercheur au CNRS et spécialiste des anciens sites miniers, s’étonne de ce retournement des pouvoirs publics. «Jusqu’à présent, c’était ‘nous on sait tout, laissez-nous faire’: ils reconnaissent enfin que les membranes ont été mal posées», ajoute-t-il.

Quant à la solution bactérienne envisagée pour L’Artus, Frédéric Ogé s’étonne qu’elle ne soit évoquée que maintenant, alors que des chercheurs de Montpellier planchent sur cette technique depuis une vingtaine d’années.

Contacté par le JDLE, le président de l’Association de défense des riverains des mines et usines de Salsigne, Guy Augé, compte pour sa part redéposer sa plainte pour pollution, classée sans suite en 2013. «Puisque l’Etat reconnaît enfin que nous avions raison, et que cette pollution n’était pas naturelle, il est naturel de redéposer une plainte», juge Frédéric Ogé.

Article du 02/04/16 La Dépêche du Midi

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Article du Midi Libre du 03/04/16

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Article de l'Indépendant du 04/04/16

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