Ecologie du Carcassonnais des Corbières et du Littoral Audois

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Panneaux photovoltaïques

Le projet d'écoquartier de la Sagne est de conception ancienne et reflète l'idéologie dominante chez les élus il y a une dizaine d'années. Il s'agit d'un projet de bétonnisation démesuré, repeint aux couleurs à la mode, concocté par la mairie et par le promoteur immobilier Groupe SM. Le projet est localisé dans une zone inappropriée et exprime essentiellement les intérêts du promoteur.

Ce projet prévoit d'artificialiser une zone oubliée par l’urbanisation effrénée du littoral gruissanais, faite d’une mosaïque de milieux naturels, de jardins et friches agricoles en cours de renaturation, incluant des zones humides rétro-littorales, soumise à l’aléa submersion marine. Le projet ne tient absolument pas compte de la loi ZAN : s'il se réalise, la commune de Gruissan ne possédera plus guère de marges de manœuvre pour un développement plus harmonieux.

L’objectif de ce projet est, pour partie, de combler le retard de la commune en matière de logements sociaux et d’attirer des investisseurs privés. L’avis d’enquête publique indique que « environ 730 logements » sont prévus sur une zone de 31,5 ha. Le terme « environ » est en lui-même très inquiétant. Les opposants (principalement l’association La Sagne) parlent de 830 logements et 43 ha. L’autre objectif est de bâtir des villas pour attirer de nouveaux habitants alors que la grande majorité des logements individuels est constituée de locations saisonnières. On peut parier que les futures villas seront principalement occupées en saison estivale. Le besoin de loger de nouveaux habitants (hors logements sociaux) n’est pas démontré et nous n’approuvons pas le fait de bétonner juste pour le plaisir temporaire de vacanciers. Si le besoin de logements sociaux n'est pas contestable, la commune n'ayant pas respecté les obligations de la loi SRU, le site choisi pour leur implantation est tout sauf optimal. La commune de Gruissan possède en effet de nombreux terrains ailleurs, comme le montre le géoportail "Koumoul" de la DGFIP. Alors qu'un rapport de la DDTM de 2012-2013 répertoriait déjà toutes les possibilités de zones constructibles et insistait sur la nécessité de préserver la Sagne, c’est précisément le contraire qui a été choisi par les édiles et par le promoteur.

Il ne faut pas perdre de vue que 730 logements en plus cela veut dire au moins 730 voitures en plus dans les rues de Gruissan, et probablement 2000 personnes en plus sur la plage des Chalets, une fois que les plages de Mateille et de la Vieille Nouvelle auront été fermées aux voitures, ce qui est inéluctable. Cela veut dire aussi une consommation d’eau accrue, une station d’épuration à redimensionner et une fréquentation accélérée du massif de la Clape avec une dégradation de l’écosystème forestier, sans parler d’un accroissement des risques d’incendie.

Le Conseil National de la Protection de la Nature (CNPN), composé d’experts des milieux naturels, vient de dénoncer le projet à l’unanimité en considérant que la raison impérative d’intérêt public majeur (RIIPM) n’est pas constituée, que la recherche de solutions alternatives satisfaisantes de moindre impact n’a pas été conduite sérieusement, que l’effort d’inventaire faune-flore est très insuffisant, que la séquence « éviter-réduire-compenser » n’est pas convaincante.

Pour toute ces raisons Eccla émet un avis défavorable à ce projet.

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